14 mars 2008

Le Collège de France affirme son opposition au créationnisme (Pr Brunet)

LE MONDE.FR

Le Collège de France a affirmé son opposition au créationnisme, une théorie qui nie l'évolution des espèces, en instituant une chaire de paléontologie humaine qui s'inscrit dans sa tradition naturaliste, a déclaré le titulaire de cette chaire, le professeur Michel Brunet.

"Le vote des professeurs du Collège de France entre à la fois dans la tradition naturaliste du Collège et est aussi un signe très fort à l'égard des courants de pensée qui reprennent des idées moyenâgeuses", a déclaré à l'AFP M. Brunet, qui doit donner le 27 mars sa leçon inaugurale.

"Il y a un courant créationniste très fort sur le continent nord-américain et il se révèle qu'il existe aussi chez nous", constate le paléoanthropologue, connu notamment pour ses travaux sur Toumaï, le plus vieil ancêtre à ce jour de l'homme moderne dont le crâne, vieux de quelque 7 millions d'années, a été découvert au Tchad en 2001.

"L'homme est mammifère parmi d'autres. Ce qui nous distingue, c'est le développement quantitatif, mais surtout qualificatif de notre cerveau", rappelle M. Brunet qui souligne que "l'évolution n'est pas une théorie, mais un fait qui a été démontré scientifiquement".

Face au créationnisme, dont "l'influence est dangereuse", "il faut mieux faire de la prophylaxie que du curatif", estime encore le chercheur, qui mentionne la sortie en France l'an dernier d'un "Atlas de la création" du Turc Harun Yahya pour réfuter les découvertes de Darwin.

Michel Brunet succède à Yves Coppens, qui a occupé de 1983 à 2005 la chaire de paléoanthropologie et préhistoire de la prestigieuse institution.