01 février 2008

Vaccin contre l'hépatite B et sclérose en plaques : rebondissement… à la Française ?

Par Destination Santé Destination Sante - Vendredi 1 février, 02h03

Les mis en examen sont accusés de « tromperie sur les contrôles, les risques et les qualités substantielles d'un produit ayant eu pour conséquence de le rendre dangereux pour la santé de l'homme, ». Sanofi Pasteur MSD pour sa part, est également mis en examen pour « homicide involontaire » après le décès d'une jeune femme de 28 ans, en 1998.

Les intéressés – ou plutôt leurs employeurs – ont fait valoir leur strict respect des règles en vigueur au moment des faits. Pour important qu'il soit, cet argument risque évidemment de ne convaincre ni les plaideurs… ni les juges. Rappelons en effet qu'en France, une expertise judiciaire avait conclu en 2002, à la mise en cause des pouvoirs publics. En 2005 la Cour de Justice de la République classait sans suite une plainte déposée notamment contre Philippe Douste-Blazy et Bernard Kouchner, impliqués à des degrés divers dans les campagnes vaccinales menées de 1994 à 1998.

En septembre 2003 un arrêt de la Cour de Cassation ne reconnaissait aucun lien certain entre la vaccination et l'apparition éventuelle d'une sclérose en plaques… pour être démenti ensuite par une étude publiée par l'Académie américaine de Neurologie. Démenti ? Voire. Le travail en question soulignait les « limites méthodologiques substantielles » des études concluant à une éventuelle relation de cause à effet.

Alors qui croire ? Pour l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) la cause est entendue… de longue date. L'Organisation a toujours plaidé pour la vaccination systématique contre l'hépatite B, « l'une des principales maladies humaines (qui) pose un sérieux problème de santé publique à l'échelle mondiale. » Elle affirme également que « le vaccin est extrêmement sûr et efficace » et elle a beau jeu de souligner que la France est le seul pays où de tels effets secondaires aient été déclarés en masse. Au mois de décembre dernier, Destination Santé relevait le travail publié par une équipe du CHU Kremlin-Bicêtre près de Paris, dans les « Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine ». Il concluait que « la vaccination contre l'hépatite B ne paraît pas augmenter le risque d'une attaque inaugurale de SEP dans l'enfance."

Autant dire que les dernières mises en examen prononcées à Paris ne constituent qu'un rebondissement supplémentaire dans une affaire qui n'en a pas manqué. En plus de 10 ans maintenant, elle n'est pas encore parvenue à détourner les Français de la vaccination en tant que telle, mais elle a gravement fait régresser le statut vaccinal de notre pays contre l'hépatite B… qui est aussi la principale cause de cancer primitif du foie.

Rappelons aussi que le « scandale » franco-français du vaccin contre l'hépatite B a eu son pendant outre-Manche. L'accusé dans ce cas était le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole), supposé provoquer la survenue d'autisme et de rectocolite hémorragique chez ses « victimes ». « L'affaire » a depuis connu un piteux épilogue. Il ne s'agissait en réalité que d'une manipulation savamment orchestrée avec avocats marrons et chercheurs corrompus, pour faire aboutir une class action…

Source : Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine, 2007 ; 161(12) :1176-1182 ; OMS, Factsheet Hépatite B, accédée le 1er février 2008


On aimerait voir la France se singulariser dans une affaire plus intelligente. Le fiasco des lobbies anti-vaccinations en Angleterre fera école, mais que d'argent, de temps et de vies perdues par bêtise humaine. Rappelons que cette polémique sur la SEP et la vaccination contre l'hépatite B n'existe qu'en France. Aucun autre pays n'a retrouvé la moindre augmentation des crises chez les personnes déjà malades, après vaccination.