04 mars 2008

Sectes - "La santé est l'un des domaines de prédilection des sectes"

L'élu UMP Jacques Myard demande l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur les sectes axée sur les domaines médical et paramédical.
Domaines dans lesquels le phénomène sectaire présente une"réalité grave", selon le député.


Alexandra GUILLET

LCI.fr : Pourquoi avez-vous demandé au président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, la création d'une nouvelle commission d'enquête sur les sectes ?
Jacques Myard, député-maire UMP de Maisons-Laffitte : A un moment où certains nient les dangers des dérives sectaires, il me paraît opportun de rappeler la réalité du phénomène. A travers les trois commissions d'enquête que l'Assemblée a déjà instituées, et auxquelles j'ai participées, nous avons pu constater une montée en puissance du phénomène sectaire. Loin de s'étioler, la réalité est prégnante et parfois très sordide. Notamment lors de la dernière commission d'enquête, qui portait sur la protection des mineurs, nous avons constaté qu'il y avait des cas totalement étonnants comme Tabitha's place, dans les Pyrénées-Atlantiques. Cette secte enferme les gosses dans une espèce de monde éducatif parallèle, coupé du monde, et où les corrections corporelles existent encore. De surcroît, nous avons effleuré, dans le cadre de cette commission, la question des charlatans en médecine. Je crois que là aussi il y a une situation qui doit interpeller les pouvoirs publics. Nous devons une nouvelle fois mettre en exergue des pratiques qui sont très préjudiciables à la vie des plus faibles.

LCI.fr : Sur quoi vous basez-vous pour dire cela ?
J.M. : Nous avons eu plusieurs cas de personnes qui ne se sont pas soignées et qui ont été emportées par des maladies terribles, parce qu'elles ont écouté des pseudo-thérapeutes ou des adeptes de médecines parallèles. La santé est l'un des domaines de prédilection des sectes. C'est cette piste-là qu'il faut désormais creuser. Que certains voient de l'espoir dans des thérapies innovantes, cela peut se comprendre sur le plan humain. Mais que d'autres vivent de cette crédulité et de la faiblesse de certains de nos concitoyens est proprement révoltant.

LCI.fr : Vous allez semer la zizanie chez les thérapeutes ?
J.M. : Mais j'y compte bien ! Et j'appuie notamment l'initiative de Bernard Accoyer qui a fait entrer dans le code de la Santé un texte qui dit que n'importe qui ne peut pas utiliser le titre de thérapeute, et notamment celui de psychothérapeute, réservés à des médecins. Malheureusement les décrets d'application mettent du temps à sortir car il y a des pressions en tout genre. J'ose espérer que cette commission d'enquête, notamment pour tous les centres paramédicaux, servira à faire avancer ce dossier qui est une réalité grave. J'ai déjà reçu l'appui de nombreux députés. J'ai bon espoir que ma requête aboutisse dès la reprise des débats au Parlement.

LCI.fr : Le rôle de la Miviludes - mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires - a été pas mal décrié ces dernières semaines. Qu'en pensez-vous ?
J.M. : La Miviludes est indispensable ! Evidemment, ce n'est pas elle qui va prendre des décisions coercitives à propos de dérives sectaires, mais elle remplit remarquablement son travail d'alerte et de publicité sur certains agissements. S'il y a un doux dingue qui veut fonder un nouveau mouvement religieux, libre à lui, nous sommes en démocratie. En revanche, si ce doux dingue prône que les enfants doivent être frappés, ou qu'ils ne doivent pas avoir de transfusion sanguine ou qu'ils ne doivent pas aller à l'école mais s'asseoir sur le grand chêne pour être inspirés naturellement par des ondes cosmiques, on est en droit de se poser des questions. Je me félicite aussi que la ministre de l'Intérieur vienne de rappeler aux préfets la réalité du phénomène et qu'elle ait demandé la mise en place de groupes spécialisés dans la surveillances des dérives sectaires.

LIC.fr : Que pensez-vous de cette nouvelle affaire de séquestration, en Sardaigne, d'une adepte de la scientologie, Martine Boublil ?
J.M. : Malheureusement, c'est récurrent avec la scientologie. Quand un des membres veut s'en aller, on le séquestre. Ça prouve bien la nature de cet organisme.

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