14 juin 2007

Dans les champs d'OGM, les mauvaises herbes font de la résistance

Par Jean Etienne, Futura-Sciences

100 millions d'hectares de plantes OGM ont été cultivées dans le monde en 2006, dont 75 % partagent la même caractéristiques : elles sont résistantes au glyphosate , un désherbant total. Mais un constat alarmant vient d'être révélé : les mauvaises herbes deviennent, elles aussi, résistantes au glyphosate.

Comment cela est-il possible ? Lorsqu'en 1980 la société Monsanto a mis au point ce gène de la résistance et l'a implanté dans diverses plantes, notamment le maïs, le soja, le coton, le colza, la betterave et la luzerne, cela a été considéré comme une véritable bénédiction par les agriculteurs qui pouvaient ainsi éviter de répandre de coûteux herbicides sélectifs sur leurs récoltes, et le remplacer par le glyphosate, meilleur marché. La vingtaine de produits utilisés jusqu'alors sont pratiquement tombés en désuétude, tandis que la quantité de glyphosate pulvérisée annuellement passait de 4500 à 45000 tonnes. Bien entendu, l'innocuité de cet herbicide envers les plantes OGM donnait aussi la possibilité d'augmenter considérablement les doses pour un effet encore plus efficace sur les plantes parasites, astuce qui n'échappa pas aux cultivateurs…

Mais l'avenir s'assombrit quelque peu. Pour certains, le temps tourne même à l'orage car on découvre de plus en plus d'exemples où des plantes sauvages ont développé une forme de résistance au glyphosate. Le phénomène ne s'est pas encore généralisé mais s'étend de façon alarmante, non seulement aux Etats-Unis, mais aussi au Brésil, en Argentine et en Chine, et surtout en Australie où les autorités considèrent que cette évolution deviendra un problème majeur d'ici trois ou quatre ans.

L'Europe échappe complètement au problème, la culture d'OGM résistants au glyphosate y étant interdite. Ce qui fait dire à certains que le Vieux continent pourrait devenir dans un proche avenir un réservoir de plantes saines… Toutefois, des cas de résistance locaux ont été constatés en certains endroits où ce désherbant est utilisé, comme les vignobles et oliveraies du bassin méditerranéen, dénonce Christian Gauvrit, spécialiste des herbicides à l'Inra de Dijon.

La mutation des plantes parasites semble donc bien être une forme de défense naturelle face à une agression. En 1997 pourtant, la revue spécialisée américaine Weed Technology avait affirmé dans ses colonnes que "Les mutations qui confèrent la résistance au glyphosate sont tellement complexes qu'elles ne sont pas susceptibles d'être copiées par la nature". Nature aux réactions une fois de plus sous-estimées, comme on peut le constater aujourd'hui…

Mais les semenciers n'entendent pas en rester là. C'est ainsi que Monsanto travaille à la mise au point de plantes OGM résistantes à un autre herbicide, le Dicamba, et promet une commercialisation d'ici quatre ou cinq années. Seule ombre au tableau, celui-ci est beaucoup plus toxique que le glyphosate (dont la dose létale est de 0,2 gramme) et aussi moins efficace, ce qui pourrait contraindre à une utilisation à plus forte dose.

Note

Le glyphosate est commercialisé sous plusieurs noms, dont le plus connu est le Roundup. Il s'agit d'un herbicide efficace, pratique et sans doute moins dangereux que d'autres pesticides. Néanmoins, ses effets toxiques pour l'homme sont évidents, ainsi que les nombreux impacts négatifs pour la faune et la flore sauvages. Une étude effectuée en Californie, dans le programme de suivi des maladies causées par les pesticides, a démontré que les herbicides à base de glyphosate étaient la 3ème cause de maladie chez les agriculteurs et la première chez les gestionnaires d'exploitation. (Source Pesticide Action Network asbl, Belgique).

Le Muséum va revoir ses relations avec la Fondation Teilhard de Chardin

PARIS (AFP) - Le Muséum national d'histoire naturelle va reconsidérer la nature de ses liens avec la Fondation Teilhard de Chardin, a indiqué jeudi son directeur général Bertrand-Pierre Galey, en prenant acte de l'émotion du personnel face à un projet de réaménagement de l'établissement.
"Nous allons revoir nos relations avec la Fondation, qui est présente au Muséum depuis fort longtemps, dans un esprit de clarification. Tout sera réexaminé", a précisé M. Galey, interrogé au téléphone par l'AFP.

Les membres élus du conseil d'administration du Muséum avaient adopté quelques jours plus tôt une motion dénonçant "la confusion de fait entre cette fondation et l'association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin dont les activités portent atteinte au principe de laïcité". Ils avaient à cette occasion demandé le réexamen par le conseil de "la question de sa présence au Muséum".

La source de cette émotion était un projet de réaménagement de la médiathèque pour que celle-ci puisse accueillir la Fondation. Les surfaces consacrées à l'accueil du public s'en seraient retrouvées amputées d'environ 85 m2, selon un élu du personnel.

Ce projet ne se fera pas, a assuré M. Galey. "Faire aujourd'hui ces aménagements serait une manière de manifester que les choses vont continuer comme avant", a-t-il ajouté. "Nous allons profiter d'un tel évènement, un peu circonstantiel et technique, pour remettre les choses à plat".

Le Jésuite Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) était à la fois un paléontologue, un géologue et un philosophe, dont les travaux ont fait polémique au sein de l'Eglise. La fondation qui porte son nom, reconnue d'utilité publique, est chargée de mettre ses écrits à la disposition des chercheurs. L'association, conçue comme le "prolongement organique" de la fondation, affiche en revanche clairement son orientation religieuse.

La Fondation est présidée par Henry de Lumley, le dernier directeur du Muséum issu des rangs de l'institution. M. Galey a indiqué qu'il s'était ouvert auprès de son prédécesseur de cette confusion entre la fondation et l'association. "Des activités à caractère confessionnel n'ont rien à faire au sein d'une institution de l'Etat", lui a-t-il dit.

Teilhard de Chardin, qui a contribué à la découverte de l'homme de Pékin, a travaillé plusieurs années au Muséum. "C'est une personnalité importante, même dans une vision purement laïque des choses", a reconnu M. Galey.