16 février 2007

Vers une recrudescence de l’hépatite B?

Jérôme Lemarié
L'Express

La couverture vaccinale des petits Français pour l’hépatite B est très insuffisante et fait de la France la plus mauvaise élève d’Europe: c’est ce que révèlent les enquêtes menées par l’Institut de veille sanitaire (InVS) en milieu scolaire entre 2001 et 2004. Faut-il craindre une recrudescence de la maladie?

L’Institut de veille sanitaire a conduit trois enquêtes entre 2001 et 2004 en maternelle (2002-2003), CM2 (2001-2002) et 3e (2003-2004) afin d’évaluer la couverture vaccinale de plus de 17 000 enfants et adolescents. Dans l’ensemble, la couverture est plutôt satisfaisante: 80 à 96% pour le DTPolio, entre 87 et 92 % pour la coqueluche, 95 % pour le RRO (rougeole-rubéole-oreillons) et 99 % pour le BCG. Carton rouge, en revanche, pour la vaccination contre l’hépatite B (HB).

Depuis la première enquête conduite en 2000-2001 en classe de 3e chez des enfants qui avaient bénéficié des campagnes de vaccination en 6e, la couverture est passée de 62,4 % à 42,4 % en 2003-2004. La couverture des élèves de CM2, qui était de 33,1% en 2001-2002 n’a pas été améliorée en 2003-2004. La France est la lanterne rouge de l’Europe. Comment expliquer ces mauvais résultats? Les Français ont-ils toujours en mémoire la polémique sur le vaccin HB accusé (à tort) de déclencher ou aggraver la sclérose en plaques? Retour sur une controverse qui a débuté à la fin des années 90.

Flou artistique

Les premières vaccinations HB sont mises sur le marché français en 1981; jusqu’en 1993, elles étaient destinées principalement aux groupes à risque. Conformément aux recommandations de l’OMS, la vaccination HB est étendue, dès avril 1994, aux préadolescents en classe de 6e. La couverture vaccinale chez les enfants passe de moins de 10% à plus de 80% : la France se hisse alors à la première place mondiale.

Mais, en mai 1994, les premiers cas de personnes vaccinées contre l’hépatite B qui ont développé une sclérose en plaque (SEP) sont signalés. La presse s’empare du sujet: les premiers soupçons pèsent sur le vaccin, accusé de provoquer le déclenchement de la sclérose en plaques ou de l’aggraver chez les personnes déjà atteintes. Une enquête nationale de pharmacovigilance est aussitôt lancée par l’Agence du médicament. Elle montre "qu’aucune relation de cause à effet entre le vaccin et les poussées de SEP n’est démontrée" sans toutefois exclure la possibilité d’un lien. L’Agence décide alors d’ajouter à la notice de tous les vaccins une précaution d’emploi à l’intention des malades atteints de SEP.

En novembre 1995, la vaccination est étendue aux adolescents, aux préadolescents, à leurs parents et aux parents d’enfants en bas âge. Le succès de la promotion conduit à la vaccination de plus de 20 millions de Français sur deux ans, non seulement les enfants et les préadolescents mais aussi les adolescents, les adultes et même les personnes âgées.

Toutefois, les incertitudes scientifiques sur l’éventuel lien de causalité entre le vaccin et la SEP conduisent Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat à la Santé, à suspendre provisoirement la vaccination en milieu scolaire en octobre 1998. Elle reste toutefois recommandée chez les sujets à risque, les nourrissons, les adolescents et reste obligatoire pour les personnels de santé.

Les soupçons sont levés mais le mal est fait

En 1999, une étude épidémiologique initiée par le ministère de la Santé, qui met en avant les bénéfices de la vaccination, supérieurs aux risques (le lien de causalité n’est pas montré mais n’est pas non plus exclu), conduit Bernard Kouchner à réaffirmer son attachement à la vaccination. Mais le doute persiste, renforcé en 2000 par l’ouverture de droits à l’indemnisation de huit personnes, dont trois atteintes de sclérose en plaques, en raison du lien supposé avec le vaccin.

Il faut attendre 2001 et la publication de deux études scientifiques pour disculper le vaccin de toute implication dans l’apparition ou l’aggravation d’une sclérose en plaques. Mais, la polémique est relancée en 2002. Un rapport sur la campagne de vaccination de 1994 réalisée par un expert judiciaire spécialiste du médicament accuse les autorités françaises de ne pas avoir pris en compte les effets secondaires de ce vaccin.

L’organisation d’une audition publique en 2004 en France, réunissant les principaux experts dans le domaine, met un terme à la polémique en concluant à l’absence de données permettant de montrer un lien de causalité entre le vaccin HB et la sclérose en plaques et souligne les bénéfices supérieurs aux risques de la vaccination. Dans son rapport, le groupe d’experts formule un certain nombre de recommandations, notamment la vaccination universelle de tous les nourrissons et une campagne de rattrapage de la vaccination chez les enfants et les adolescents, ainsi que chez les adultes à risque (lire l' encadré).

Mais l’ambiguïté demeure, renforcée par la succession de mesures contradictoires et l’indemnisation de cas de sclérose en plaques en justice. Les parents restent aujourd’hui encore réticents à la vaccination HB (lire l’entretien avec Denise Antona, InVS).

La deuxième cause de décès par cancer après le tabac

Le vaccin reste pourtant la meilleure arme contre un virus très contagieux qui se transmet principalement par voie sexuelle ou sanguine. Il offre une protection durable et efficace à 90%. Si près de 90% des personnes atteintes par le virus guérissent spontanément, chez 10% des sujets, l’hépatite B s’installe et devient chronique et, dans un cas sur deux, évolue en cirrhose voire en cancer du foie.

Le virus de l’hépatite B est présent dans le monde entier. Il est la deuxième cause identifiée de décès par cancer après le tabac. En France, près de 3,1 millions de personnes ont été en contact avec le virus. Parmi elles, certaines n'ont pas été malades ou ont guéri spontanément, d'autres (près de 281 000) sont devenues porteuses chroniques de l'hépatite B et sont donc potentiellement contaminantes. La vaccination est donc un véritable enjeu de santé publique, face à une maladie que l’on peut soigner mais que l’on ne sait pas guérir.

Dieudonné s'est rendu coupable d'injure raciale

La Cour de cassation a considéré aujourd'hui que les propos de Dieudonné assimilant dans une interview donnée en 2003 les juifs à une «escroquerie» et à une «secte» constituait une injure raciale et a annulé un arrêt de la cour d'appel de Paris qui l'avait relaxé en février 2006.
L'affaire a été renvoyée devant la cour d'appel de Versailles, obligée de se conformer à la décision de la Cour de cassation, réunie en assemblée plénière, a-t-on indiqué de source judiciaire.

Dans un entretien accordé au mensuel Lyon Mag en novembre 2003, Dieudonné M'Bala M'Bala avait notamment déclaré: «les juifs, c'est une secte, une escroquerie. C'est une des plus graves parce que c'est la première».

En mars 2005, la chambre criminelle de la Cour de cassation avait annulé un arrêt de la cour d'appel de Paris ayant relaxé Dieudonné et renvoyé l'affaire devant la même cour mais dans une autre formation. Celle-ci avait jugé en février 2006 que les propos de Dieudonné ne visaient «pas la communauté juive en tant que telle» mais au contraire manifestaient une «hostilité au principe même du fait religieux». Et l'avait relaxé une nouvelle fois.

Saisie d'un pourvoi du Consistoire central (Union des communautés juives de France), la Cour de cassation, siégeant en assemblée plénière, a censuré ce second arrêt de la cour d'appel de Paris. Elle a considéré que ces affirmations ne relèvent pas «de la libre critique du fait religieux participant d'un débat d'intérêt général» mais constituent «une injure visant un groupe de personnes en raison de son origine».

Par ailleurs, au regard de la Convention européenne des droits de l'Homme, la Cour de cassation a jugé que la condamnation de tels propos constituait «une restriction nécessaire à la liberté d'expression dans une société démocratique».

«Je suis extrêmement satisfait que la Cour de cassation ait rappelé que l'on ne peut impunément qualifier la communauté juive de France d'escroquerie en invoquant son ignorance des questions religieuses», s'est félicité Me Stéphane Lilti, avocat du Consistoire central.


Dieudonné a attaqué un groupe de personnes ("les juifs") en raison de leur origine, et non une religion ("judaïsme"). Cette seule réflexion aurait épargné bien des atermoiements aux différentes cours, même s'il n'y avait pas le contexte des autres provocations de Dieudonné pour éclairer cette attaque. Comparer des gens à une "escroquerie" est une simple injure, sémantiquement parlant, le simple fait de se reconnaître une appartenance à un groupe social ne pouvant être considéré comme une escroquerie. Dieudonné enfonce encore un peu plus le couteau dans la plaie en parlant de la "première" escroquerie. S'il faisait référence à la religion, se peut-il qu'il ignore qu'il y avait eu des religions avant ? Et des escrocs aussi, sans aucun doute.