24 janvier 2007

Du risque sectaire dans la formation professionnelle

C'est l'un des éléments que met en exergue le rapport annuel de la Miviludes, la Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires • Ou comment le marché de la formation professionnelle peut s'avérer périlleux •

Par Julie LASTERADE
LIBERATION.FR

Ils veulent s'initier au management et se retrouvent nus avec leurs collègues dans une piscine. Ils aimeraient se sentir plus sûrs d'eux et s'inscrivent pour un stage de «guérison du passé». Ils veulent se réorienter professionnellement pour faire du bien aux autres et choisissent une formation de «guérisseur à mains nues». Ils risquent de se retrouver entre les mains de mouvements «à caractères sectaires»....

Dans son quatrième rapport annuel rendu public mercredi, la Miviludes (Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) met l'accent sur «la formation professionnelle et le risque sectaire». Ou comment le marché de la formation professionnelle serait devenu un champ miné.

«Augmentation croissante de prestations visant au développement de la personne, de ses capacités comportementales», «prestations qui investissent de plus en plus l'intimité des personnes», «nouveaux labels, nouveaux métiers», la Miviludes s'inquiète. «Le détournement des objectifs de la formation professionnelle peut conduire notamment, par des procédés de séduction, à des actes ou des pratiques illicites», craint-elle.

La Miviludes refuse de lister les organismes et les formations «à risque». Mais elle cite tout de même la formation de «doula, une nouvelle profession [qui se] développe généralement dans les milieux hostiles à la médicalisation de la maternité» et qui «pose un certain nombre de questions» et «peut concerner des publics vulnérables».

Elle pointe également l'EMF balancing technique dont elle n'hésite pas à dénoncer «la dangerosité dans la mesure où ses applications peuvent se substituer à des traitements médicaux classique». Pas de liste, donc, «le paysage est trop mouvant», explique Françoise Chalmeau, de la Miviludes, mais des mots clefs comme «analyse transactionnelle», «rebirth», «kinésiologie» qui la font tiquer.

«Ce ne sont pas les méthodes qui sont en cause, précise Henri-Pierre Debord, mais les interprétations qui en sont faites». D'apres lui, lorsque des prestataires de services appartiennent à des mouvements caractérisés comme sectaires, c'est la «sécurité» de certaines entreprises qui serait en danger. «Des vols d'ordinateurs par exemple, avance-t-il, des risques d'ordre financier, des risques de déstabilisation des salariés, de modification de comportements ou des risques d'infiltration, comme des détournements de données et d'informations stratégiques».

Henri-Pierre Debord ajoute qu'il recoit entre 200 et 300 questions de salariés ou d'entreprises chaque années sur le risque de dérives sectaires de tel ou tel organisme. Mais rien de plus précis. Le rapport cite en exemple quelques cas d'associations ayant fait l'objet de controles ou d'enquetes. Mais les délits avérés semblent rarissimes. Néanmoins, Henri-Pierre Debord insiste, «nous sommes de plus en plus sollicités par des entreprises, des syndicats ou des salariés confrontés à des situations qu'ils ne comprennent pas». Ils lui demandent «tel organisme présente-t-il un risque sectaire ?», «Telle méthode peut-elle être en lien avec un mouvement sectaire ?», «le responsable de cette société de conseil est membre de ce mouvement, traiter avec lui représente-t-il un risque pour mon entreprise ou pour mes salariés?», rapporte-t-il.

Pour les éviter, c'est cette fois-ci la Miviludes qui se propose de jouer les prestataires de services dans les entreprises et de «sensibiliser au risque sectaire» les responsables administratifs et des ressources humaines. Il s'agit de leur apprendre à repérer «le vocabulaire obscur, le discours anti-social, explique Françoise Chalmeau. De définir un cahier des charges précis de ce que l'on attend de la prestation, de demander aux intervenant de fournir un diplome reconnus par l'éducation nationale. Méfiance aussi si les formations sont organisées le soir ou le week-end, si elles font sauter des repas et jouent sur l'épuisement physique». Et éventuellement, en cas de gros doute, de «suivre l'actualité juridique» de l'organisme de formation.

Eau en bouteille ou eau du robinet ?

Au-delà des goûts de chacun, l'eau du robinet reste, en tout cas, plus économique et plus écologique. D'un prix cent fois inférieur à celui d'une eau minérale, ellle est aussi moins polluante. Au-delà des goûts de chacun, l'eau du robinet reste, en tout cas, plus économique et plus écologique. D'un prix cent fois inférieur à celui d'une eau minérale, ellle est aussi moins polluante.

Faut-il la boire en bouteille ou au robinet ? En lançant, à Paris, une campagne d'affichage agressive, la marque d'eau de source Cristaline a mis en cause la qualité de l'eau fournie aux Franciliens par le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif).

Thème de l'attaque : "L'eau potable ne vaut pas l'eau de source", affirme Pierre Papillaud, le PDG de Cristaline. Il laisse même entendre que l'eau du robinet est à peine meilleure que les eaux usées. Les professionnels de l'eau potable ont sèchement répliqué : "Dans la plupart des cas, l'eau de source est puisée dans les mêmes nappes phréatiques que l'eau du robinet", rappelle-t-on au bureau de l'eau du ministère de la santé. Cette polémique cache une violente bataille commerciale.

Avec 150 litres par an et par personne, les Français sont devenus les deuxièmes plus gros buveurs d'eau en bouteille au monde, juste après les Italiens. Par habitude, mais aussi parce qu'ils reprochent à l'eau du robinet son odeur de chlore et s'inquiètent d'y trouver des résidus de pesticides et de plomb. L'eau du robinet serait-elle devenue mauvaise pour la santé ?

"Au contraire, elle n'a jamais été aussi bonne", affirment les autorités sanitaires. Même si la qualité de l'eau qui alimente les réserves naturelles se dégrade. Dans notre pays, 70 % de l'eau potable est puisée dans les nappes souterraines, où elle est captée à partir d'une source ou bien remontée à la surface par forage. L'eau potable peut aussi provenir des rivières, comme en Ile-de-France, où la quasi-totalité de l'eau qui arrive au robinet est pompée dans la Seine, la Marne et l'Oise, puis traitée par trois usines de production d'eau potable.

L'eau du robinet est, depuis la Révolution française, un produit local géré par les communes. Le maire est responsable de l'hygiène publique et de l'information aux habitants. Mais, pour qu'une eau soit déclarée potable, elle doit répondre à des critères définis par un décret européen de décembre 2001, transposé en France fin 2003. Les contraintes sanitaires sont sévères, parfois vingt fois plus strictes que celles imposées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

UN RISQUE PROCHE DE ZÉRO
En Europe, pour être potable, l'eau doit contenir moins de 0,5 microgramme de pesticides et moins de 50 milligrammes de nitrates par litre. Ces seuils, très bas, sont parfois difficiles à maintenir dans les zones de culture et d'élevage intensifs. Il doit aussi y avoir moins de 25 microgrammes de plomb par litre (contre 50 microgrammes avant 2003). Il arrive que l'on trouve un peu de ce métal lourd dans l'eau de ville. La raison ? Le plomb se mêle à l'eau lorsque celle-ci stagne dans de vieilles canalisations d'immeubles (les conduites publiques sont exemptes de plomb). Si, depuis 1995, toute nouvelle construction doit utiliser du cuivre ou du plastique, dans les immeubles anciens, la rénovation des anciennes tuyauteries est à la charge des propriétaires. Des travaux indispensables pour atteindre le seuil de 10 microgrammes de plomb par litre, exigé par Bruxelles pour 2013.

En attendant, avec 80 paramètres quotidiennement mesurés par les exploitants et les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass), "l'eau potable est le plus contrôlé des produits alimentaires", affirme-t-on à la direction générale de la santé. "Sa qualité est même parfois supérieure à certaines eaux de source", confie-t-on à la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau.

En 2000, sur les 9 653 contrôles effectués en Ile-de-France, seulement 26 ont identifié des germes. C'est peu. Grâce au chlore et aux nouvelles techniques de nanofiltration, le risque bactériologique est proche de zéro. Néanmoins, les Français se laissent toujours séduire par l'eau en bouteille, ses nouveaux emballages colorés et ses arômes à la mode. Celle-ci n'est pourtant pas forcément meilleure pour la santé.

L'eau "minérale" naturelle, qu'elle soit plate (Evian, Vittel, Contrex, Luchon...) ou gazéifiée (Perrier, Badoit...), est puisée à une source stable dans sa composition et réputée pour ses vertus thérapeutiques. Elle n'est pas traitée et est naturellement chargée en minéraux et en oligo-éléments. De ce fait, elle ne peut pas être bue par tous. Préoccupée par des publicités qui oublient souvent de le signaler, l'Académie de médecine a demandé en novembre 2006 "un meilleur étiquetage".

Les eaux "de source" (Ondine, etc.), sont, elles, nettement moins onéreuses. Normal : elles proviennent de nappes phréatiques naturellement propres à la consommation humaine, mais leur composition et leur goût sont instables. Ceux-ci varient suivant le lieu et la saison. Elles ont souvent une qualité équivalente à l'eau du robinet puisqu'elles peuvent provenir des mêmes sources souterraines. C'est par exemple le cas de Cristaline, qui, sous une même marque, regroupe les eaux de dix-sept sources différentes, dont certaines fournissent aussi l'eau courante.

Au-delà des goûts de chacun, l'eau du robinet reste, en tout cas, plus économique et plus écologique. D'un prix cent fois inférieur à celui d'une eau minérale (vendue environ 30 centimes d'euro le litre), elle est aussi moins polluante. "La moitié des 7 milliards de bouteilles vendues chaque année en France ne sont pas recyclées", déplore l'association Agir pour l'environnement. Jetées au bord des routes, elles mettront de cent à cinq cents ans à se décomposer...

Florence Amalou


Sans même parler de la pollution provoquée par les bouteilles en plastique, le simple transport par camion des eaux minérales jusqu'aux lieux de consommation provoque un excès de pollution par émission de gaz à effet de serre et de particules nocives.

Six mois ferme pour avoir agressé le gynécologue ayant soigné sa femme

Par Eloi ROUYER

PARIS (AFP) - Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mercredi à six mois d'emprisonnement ferme un jeune homme qui avait agressé un gynécologue auquel il reprochait des gestes impudiques envers sa femme qui venait d'accoucher, arguant dans un premier temps de sa morale musulmane.
Fouad Ben Moussa, un Français de 23 ans, a également été condamné à verser 1.000 euros de dommages-intérêts au Pr Jean-François Oury, chef du service gynécologie de l'hôpital Robert Debré (19e arrondissement), qu'il avait giflé et repoussé, à la suite de l'accouchement de sa femme à l'hôpital Robert-Debré.

Connu comme un homme violent, le prévenu avait déjà été condamné quatre fois, dont une fois, en 2002, pour rébellion et violence contre agent de la force publique.

Son épouse avait été admise à la mi-journée à l'hôpital le 9 septembre 2006, à la suite de contractions. Le prévenu était arrivé peu après, et entendant sa femme crier, avait surgi en salle de travail.

Eloigné par l'équipe soignante qui souhaitait travailler dans le calme en raison de légères complications, M. Ben Moussa avait alors quitté l'hôpital pour ramener le premier de ses enfants chez lui.

Revenu dans la soirée, il a été invité par le Pr Oury à venir voir sa femme. Mais au moment où le praticien a posé ses mains sur le bas-ventre de la patiente, son mari l'a violemment écarté et poussé en dehors de la chambre.

Selon M. Oury, le mari violent a déclaré, au moment de l'altercation, que "dans sa religion, les hommes ne touchent pas les femmes".

Devant la 24e chambre du tribunal correctionnel, M. Ben Moussa a expliqué: "c'était une question de pudeur, pas une question de religion, j'ai dit ça parce que je pensais qu'on me comprendrait mieux". "Mon médecin traitant m'avait assuré que ma femme serait prise en charge par des femmes", a-t-il ajouté.

De 22H00 à 02h30 du matin, heure d'intervention des policiers, il est resté dans la salle de travail, agressant verbalement le médecin et le personnel de l'hôpital.

Pour la représentante du parquet, "s'il est légitime d'être inquiet pour son épouse, s'il est normal de se poser des questions lorsqu'il y a des complications, ce comportement est tout simplement inadmissible".

"Rien ne permet de considérer qu'il y a eu un manque de communication de la part de l'équipe médicale" comme l'a prétendu le prévenu, a-t-elle estimé dans ses réquisitions.

Par ailleurs, a-t-elle déclaré, il "est inadmissible de tirer argument de sa confession religieuse" pour obtenir un traitement particulier au sein de l'hôpital public, "lieu laïc et premier lieu de mixité sociale".

Pour l'avocat du professeur, Me Georges Hollaux, l'invocation religieuse a surtout été le "prétexte, l'alibi d'un comportement violent", d'autant plus intolérable que l'"on doit tous être égaux devant le service public hospitalier".

L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'Ordre des médecins, qui s'étaient portés parties civiles ont obtenu chacun un euro de dommages-intérêts.


L'ingérence de la religion dans la société laïque n'est pas limité au port du voile islamique.