10 octobre 2007

Homéopathie : Douste-Blazy contre le déremboursement

David STRAUS

Pour Philippe Douste-Blazy, l'homéopathie doit rester remboursée par la Sécurité sociale. Quoiqu'en disent les sages de l'Académie de médecine, le ministre de la Santé y voit trois bonnes raisons comme il l'indiquait jeudi soir sur TF1. Primo, le ministre a rappelé que "dix millions de Français consomment" des médicaments homéopathiques et "30 000 médecins leur en donnent".

Ensuite, a expliqué Philippe Douste-Blazy, la part du budget de l'assurance maladie consacrée aux médicaments homéopathiques "ne représente pas une importante somme". "En tout cas si vous les enlevez, alors les patients prendront autre chose et ce seront des médicaments qui seront peut-être eux remboursés à 100%, avec des interactions médicamenteuses possibles", a-t-il abondé-il vendredi matin sur RTL.

"Sociétés savantes"

Enfin, a-t-il fait remarquer sur TF1, "la moitié des médicaments homéopathiques dans le monde sont fabriqués en France". Selon les laboratoires Boiron, l'homéopathie représente 2% du très juteux du marché du médicament français. Ainsi, pour l'instant, Philippe Douste-Blazy demande que soient faites "des études pour savoir si l'homéopathie est efficace ou pas". "Après on pourra décider", tranche le ministre pour qui cette décision ne relève "ni des sociétés savantes ni des médecins ni des hommes politiques ou des ministres, ni des sociétés industrielles" mais du Haut comité de santé publique créé en juillet dernier.

Mardi, l'Académie nationale de médecine avait réclamé le déremboursement total des produits homéopathiques ou, du moins, que l'on exige "la démonstration d'activité de ces produits comme le font tous les laboratoires diffusant des médicaments en France". L'homéopathie ne bénéficie d'aucune prise en charge par l'assurance maladie ou les mutuelles dans la plupart des pays européens. En France, le taux de remboursement de ces produits avait déjà été abaissé de 65% à 35% en décembre 2003.


Douste nous avait habitué, lorsqu'il était ministre, à son mépris politicien de l'avis de l'Académie de médecine. Il répète sans fin les arguments du lobby des Laboratoires Boiron: le coût soit-disant faible des potions homéopathiques (négligeant le coût du délai de mise en oeuvre des soins réels), l'argument d'appel à l'autorité du nombre ("50 millions de français ne peuvent se tromper") et celui d'absence d'effet secondaire (avant de savoir s'il y a seulement un effet primaire).
La requête de l'Académie de Médecine n'a pourtant rien de bien étonnant, réclamant pour les potions homéopathiques le même traitement que pour les médicaments.

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