23 mai 2007

Les médecins ne veulent pas que les pharmaciens consultent

MARIE VISOT
Le Figaro.fr

Le remboursement de « consultations officinales » pratiquées par des pharmaciens provoque l'indignation des médecins.

LES MÉDECINS prennent très mal l'offre de deux mutuelles de rembourser des bilans effectués par des pharmaciens. « Pour consulter, il faut avoir fait des études de médecine ! », s'est indigné hier Michel Chassang, président de la CSMF, le premier syndicat de médecins libéraux. Motif de ce coup de colère : un accord signé il y a un mois par les syndicats de pharmaciens avec la Mutuelle des transports de la région lyonnaise (MTRL) et les Assurances du Crédit mutuel, prévoyant notamment le remboursement d'un bilan de prévention réalisé par le pharmacien. Ce bilan, baptisé maladroitement « consultation officinale », est rémunéré 21 euros. Les médecins s'indignent d'autant plus que la prévention devait être l'intérêt majeur de l'instauration du médecin traitant.

« Personne ne nous a demandé notre avis sur ce dispositif », poursuit Michel Chassang. « Le rôle du pharmacien est de délivrer des conseils qui ne peuvent en aucun cas se substituer ou être assimilés au diagnostic médical et à la définition des orientations thérapeutiques. » Cerise sur le gâteau : faire rémunérer cette « consultation » au même tarif que celle du généraliste.

Un «package»

Pour Gilles Bonnefont, du syndicat de pharmaciens (Uspo), il ne s'agit en aucun cas de marcher sur les plates-bandes des médecins, mais au contraire d'être « complémentaire ». En fait, cette consultation est présentée par le syndicat de pharmaciens comme « une étape d'un parcours cohérent : c'est un moment pendant lequel on prend le temps de parler, de vérifier la mise à jour des vaccins, de conseiller sur l'armoire à pharmacie, de donner des conseils en homéopathie... », résume Gilles Bonnafont. Ce que certains considèrent comme le travail « normal » d'un pharmacien, qui n'a pas à être rémunéré spécifiquement.

Romain Migliorini, président de la MTRL, qui a négocié « pendant plusieurs mois » cet accord avec les syndicats de pharmaciens, confirme que « nous avons besoin de bons pharmaciens-conseils ». Ce bilan remboursé est intégré à un « package » auquel les clients de la mutuelle peuvent adhérer et dans lequel on trouve aussi le remboursement de l'homéopathie à hauteur de 50 euros par an, la prise en charge de l'ostéopathie et de la diététique.


Curieusement, le questionnaire de bilan des pharmaciens comportent des questions concernant la connaissance que le patient aurait de l'homéopathie, de la naturopathie, etc. Ces deux pseudo-médecines à l'efficacité très controversée pour ne pas dire plus, seraient-elles favorisées par les pharmaciens et pour quel motif ? On remarque que la MTRL est une mutuelle lyonnaise. La proximité du poids lourd de l'homéopathie, les Laboratoires Boiron, aurait-elle quelque chose à voir avec ce traitement de faveur ? Mystère !

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