09 avril 2007

Les bons astres font de grands vins: le "biodynamique" séduit les terroirs

SAINT-EMILION (AFP) - Influence de la lune et des planètes, "dynamisation" du sol grâce à des "préparats" aux allures d'alchimie: la biodynamie, une culture "bio" qui utilise les énergies cosmiques, séduit les viticulteurs qui y voient le moyen de révéler et protéger les terroirs.
A l'occasion de la semaine des primeurs bordelais, l'association Biodyvin, qui regroupe une quarantaine de producteurs travaillant en culture biodynamique, a organisé pour la première fois sa propre dégustation.

Biodyvin a ainsi accueilli à Saint-Emilion quelque 500 visiteurs en deux jours, du simple curieux au fin connaisseur, pour déguster les primeurs 2006 de 32 producteurs représentant toutes les régions viticoles de France.

Au Château Fonroque, premier grand cru classé labellisé "biodynamique", qui accueillait la dégustation, l'accueil du public a été "positif", sur fond de "prise de conscience" écologique, se réjouit Alain Moueix, propriétaire des lieux.

Mais c'est surtout la "qualité" des vins biodynamiques qui selon lui séduit les consommateurs: ils sont sensibles à ces vins "plus marqués par leur terroir" et "moins anonymes", insiste-t-il.

Longtemps méconnue du grand public, assimilée à des pratiques ésotériques, cette technique commence à sortir de l'ombre et devient même "un peu à la mode", portée par la montée en puissance de l'agriculture biologique, reconnaît Olivier Humbrecht, président de Biodyvin.

Excluant tout usage de substances chimiques, la biodynamie utilise des "principes énergétiques" pour "aider le sol à se régénérer", en respectant le calendrier planétaire, explique ce viticulteur alsacien qui pratique à Turckheim (Haut-Rhin) la biodynamie depuis 10 ans.

Il s'agit, pour lui, de "restaurer l'équilibre dans un milieu fortement perturbé" par le cultivateur, en favorisant une "vie plus riche" dans le sol au moyen de matières minérales et de plantes qui doivent "transmettre des énergies" à la vigne.

Des "préparats", "tisanes de plantes" vaporisées sur les cultures à doses homéopathiques, ou encore "cornes de bouses" - cornes de vaches contenant des bouses - enfouies dans le sol, en phase avec les cycles lunaires et les constellations astrales, doivent ainsi "dynamiser" le sol "pour le rendre plus nourricier".

"Le sol d'une culture où la vigne peut se nourrir elle-même peut donner un vin qui est marqué par son terroir", souligne M. Humbrecht. Cela permet en outre une "plus grande régularité de production", moins dépendante des aléas climatiques.

Pour Noël Pinguet, producteur de vin de Loire à Vouvray (Indre-et-Loire), chantre de la biodynamie depuis 20 ans, cette pratique est amenée à "se développer de manière intensive" dans les années à venir, la chimie ayant "montré ses limites".

Jean-Paul Zusselin, jeune viticulteur à Orschwihr en Alsace, une région très en avance en biodynamie, estime que cette démarche représente pour les terroirs français la chance de survivre en produisant des vins "uniques", une "alternative à la mondialisation", selon lui.

La viticulture biodynamique reste aujourd'hui très minoritaire en France, avec près de 150 domaines labellisés par deux associations, respectivement 42 par Biodyvin et une centaine par Demeter.

"Je suis convaincu du résultat par expérience. On peut faire de très bons vins en culture traditionnelle mais la biodynamie permet de faire des vins d'exception", affirme M. Pinguet.


L'agriculture "biodynamique", ou plutôt astrologique, est, rappelons-le, une des "inventions" de Rudolf Steiner, fondateur en outre de l'anthroposophie, ésotériste de choc qui n'hésita pas à affirmer aussi, en 1922, que "les cheveux blonds confèrent effectivement l'intelligence". Ce type d'agriculture ésotérique n'obtient, en réalité, pas de meilleurs résultats que l'agriculture biologique traditionnelle malgré toutes ses simagrées pseudoscientifiques.

Aucun commentaire: