24 janvier 2007

Eau en bouteille ou eau du robinet ?

Au-delà des goûts de chacun, l'eau du robinet reste, en tout cas, plus économique et plus écologique. D'un prix cent fois inférieur à celui d'une eau minérale, ellle est aussi moins polluante. Au-delà des goûts de chacun, l'eau du robinet reste, en tout cas, plus économique et plus écologique. D'un prix cent fois inférieur à celui d'une eau minérale, ellle est aussi moins polluante.

Faut-il la boire en bouteille ou au robinet ? En lançant, à Paris, une campagne d'affichage agressive, la marque d'eau de source Cristaline a mis en cause la qualité de l'eau fournie aux Franciliens par le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif).

Thème de l'attaque : "L'eau potable ne vaut pas l'eau de source", affirme Pierre Papillaud, le PDG de Cristaline. Il laisse même entendre que l'eau du robinet est à peine meilleure que les eaux usées. Les professionnels de l'eau potable ont sèchement répliqué : "Dans la plupart des cas, l'eau de source est puisée dans les mêmes nappes phréatiques que l'eau du robinet", rappelle-t-on au bureau de l'eau du ministère de la santé. Cette polémique cache une violente bataille commerciale.

Avec 150 litres par an et par personne, les Français sont devenus les deuxièmes plus gros buveurs d'eau en bouteille au monde, juste après les Italiens. Par habitude, mais aussi parce qu'ils reprochent à l'eau du robinet son odeur de chlore et s'inquiètent d'y trouver des résidus de pesticides et de plomb. L'eau du robinet serait-elle devenue mauvaise pour la santé ?

"Au contraire, elle n'a jamais été aussi bonne", affirment les autorités sanitaires. Même si la qualité de l'eau qui alimente les réserves naturelles se dégrade. Dans notre pays, 70 % de l'eau potable est puisée dans les nappes souterraines, où elle est captée à partir d'une source ou bien remontée à la surface par forage. L'eau potable peut aussi provenir des rivières, comme en Ile-de-France, où la quasi-totalité de l'eau qui arrive au robinet est pompée dans la Seine, la Marne et l'Oise, puis traitée par trois usines de production d'eau potable.

L'eau du robinet est, depuis la Révolution française, un produit local géré par les communes. Le maire est responsable de l'hygiène publique et de l'information aux habitants. Mais, pour qu'une eau soit déclarée potable, elle doit répondre à des critères définis par un décret européen de décembre 2001, transposé en France fin 2003. Les contraintes sanitaires sont sévères, parfois vingt fois plus strictes que celles imposées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

UN RISQUE PROCHE DE ZÉRO
En Europe, pour être potable, l'eau doit contenir moins de 0,5 microgramme de pesticides et moins de 50 milligrammes de nitrates par litre. Ces seuils, très bas, sont parfois difficiles à maintenir dans les zones de culture et d'élevage intensifs. Il doit aussi y avoir moins de 25 microgrammes de plomb par litre (contre 50 microgrammes avant 2003). Il arrive que l'on trouve un peu de ce métal lourd dans l'eau de ville. La raison ? Le plomb se mêle à l'eau lorsque celle-ci stagne dans de vieilles canalisations d'immeubles (les conduites publiques sont exemptes de plomb). Si, depuis 1995, toute nouvelle construction doit utiliser du cuivre ou du plastique, dans les immeubles anciens, la rénovation des anciennes tuyauteries est à la charge des propriétaires. Des travaux indispensables pour atteindre le seuil de 10 microgrammes de plomb par litre, exigé par Bruxelles pour 2013.

En attendant, avec 80 paramètres quotidiennement mesurés par les exploitants et les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass), "l'eau potable est le plus contrôlé des produits alimentaires", affirme-t-on à la direction générale de la santé. "Sa qualité est même parfois supérieure à certaines eaux de source", confie-t-on à la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau.

En 2000, sur les 9 653 contrôles effectués en Ile-de-France, seulement 26 ont identifié des germes. C'est peu. Grâce au chlore et aux nouvelles techniques de nanofiltration, le risque bactériologique est proche de zéro. Néanmoins, les Français se laissent toujours séduire par l'eau en bouteille, ses nouveaux emballages colorés et ses arômes à la mode. Celle-ci n'est pourtant pas forcément meilleure pour la santé.

L'eau "minérale" naturelle, qu'elle soit plate (Evian, Vittel, Contrex, Luchon...) ou gazéifiée (Perrier, Badoit...), est puisée à une source stable dans sa composition et réputée pour ses vertus thérapeutiques. Elle n'est pas traitée et est naturellement chargée en minéraux et en oligo-éléments. De ce fait, elle ne peut pas être bue par tous. Préoccupée par des publicités qui oublient souvent de le signaler, l'Académie de médecine a demandé en novembre 2006 "un meilleur étiquetage".

Les eaux "de source" (Ondine, etc.), sont, elles, nettement moins onéreuses. Normal : elles proviennent de nappes phréatiques naturellement propres à la consommation humaine, mais leur composition et leur goût sont instables. Ceux-ci varient suivant le lieu et la saison. Elles ont souvent une qualité équivalente à l'eau du robinet puisqu'elles peuvent provenir des mêmes sources souterraines. C'est par exemple le cas de Cristaline, qui, sous une même marque, regroupe les eaux de dix-sept sources différentes, dont certaines fournissent aussi l'eau courante.

Au-delà des goûts de chacun, l'eau du robinet reste, en tout cas, plus économique et plus écologique. D'un prix cent fois inférieur à celui d'une eau minérale (vendue environ 30 centimes d'euro le litre), elle est aussi moins polluante. "La moitié des 7 milliards de bouteilles vendues chaque année en France ne sont pas recyclées", déplore l'association Agir pour l'environnement. Jetées au bord des routes, elles mettront de cent à cinq cents ans à se décomposer...

Florence Amalou


Sans même parler de la pollution provoquée par les bouteilles en plastique, le simple transport par camion des eaux minérales jusqu'aux lieux de consommation provoque un excès de pollution par émission de gaz à effet de serre et de particules nocives.

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