29 décembre 2006

Vitamine E : aucun bénéfice sur les fonctions cognitives chez la femme âgée

PARIS (APM Santé) - Une supplémentation en vitamine E pendant 10 ans n'apporte aucun bénéfice en termes de performances cognitives chez une population de femmes âgées, selon les résultats d'une étude publiée dans la revue « Archives of Internal Medicine ».
Le stress oxydatif joue un rôle clé dans le développement des troubles cognitifs. Or, plusieurs études antérieures, conduites en laboratoire sur des cellules ou chez l'animal, ont montré que la vitamine E, une molécule aux propriétés antioxydantes, protégeait contre la destruction neuronale. Les résultats d'études cliniques ont par ailleurs suggéré qu'une thérapie antioxydante nécessitait d'être initiée à un âge jeune (avant le début du déclin cognitif) et conduite sur une longue période.

Jae Hee Kang, du Brigham and Women's Hospital, de la Harvard Medical School (Etats-Unis), et ses collègues, ont mené une étude auprès de 6.377 femmes en bonne santé, âgées de plus de 65 ans, ayant reçu aléatoirement de la vitamine E ou un placebo pendant 10 ans entre 1992 et 2002. Des tests cognitifs pour évaluer la performance cognitive globale et la mémoire verbale ont été effectués par téléphone chez toutes les volontaires en 1998, 2000 et 2002. Un score global a été calculé à partir des résultats aux différents tests.

Selon les résultats de l'étude, aucune différence significative dans la valeur du score global de performance cognitive n'a été constatée entre le groupe de femmes ayant reçu une supplémentation en vitamine E et le groupe contrôle, 5 et 9 ans après le début de l'étude. L'évolution des performances cognitives au cours du temps s'est également révélée similaire dans les deux groupes.

Finalement une consommation de vitamine E sur une longue période n'a procuré aucun bénéfice neuroprotecteur ni permis de ralentir l'évolution du déclin cognitif chez une population de femmes âgées, concluent les auteurs.

(Archives of Internal Medicine, 11/25 décembre 2006, vol.166, n°22, p.2462-2468)

Lancement d'une campagne de certification des sites web médicaux sérieux

Par Thomas Rousseau
News.fr

Société - La Haute autorité de santé française va certifier les sites délivrant de l'information médicale sérieuse. Elle va pour cela s'appuyer sur un label connu surtout des professionnels. Objectif: aider les internautes à distinguer le bon grain de l'ivraie.

«Hépatite B: les risques du vaccin sont confirmés. Respirez un grand coup et venez voir ce qui vous attend, vous et vos enfants, une merveille»: ce message lancé à la cantonade il y a quelques semaines dans le newsgroup fr.bio.medecine, est l'un des exemples de ce que l'on peut trouver sur le Net. Un message publié librement, comme l'intégralité des contributions apparaissant dans ce forum, sans qu'il soit forcément possible de vérifier le sérieux des informations.

C'est pour éviter ce genre de situation que la Haute autorité de santé va entamer début 2007 une campagne de certification des sites médicaux français. Une mission qui entre pleinement dans les prérogatives de la HAS, puisque cette institution a la charge de veiller à la qualité de la diffusion de l'information sanitaire (dans le cadre de la loi du 13 août 2004 sur la réforme de l'assurance maladie).

Il n'est pas question pour la HAS de créer et d'apposer son propre certificat, mais au contraire de relayer un label existant: Health On the Net (HON). Pour Denise Silber, consultante e-santé, «les internautes qui connaissent l'existence de HON sont une minorité. La promotion de la HAS ne peut être que positive, mais la normalisation n'est pas la solution miracle. Rien n'empêchera quelqu'un d'aller voir un marabout pour soigner un cancer. Je crois au bon sens. L'internaute sait regarder plusieurs sites pour voir si l'information est valable.»

Le respect de huit engagements

Créée en 1996 à Genève, la fondation HON couvre 29 langues et a déjà certifié quelque 5.000 sites de santé, consultables à partir d'un moteur de recherche dédié. Organisation non gouvernementale reconnue par les Nations unies, HON attribue gratuitement son label "HONcode" aux sites d'information qui respectent huit engagements. Parmi eux sont pris en compte la transparence de l'actionnariat, l'autorité médicale des intervenants, le respect de la relation patient-médecin ou encore la nécessité de justifier et de sourcer toutes les informations diffusées.

En France, pour le moment, seuls quelques sites arborent le sceau. C'est le cas de Atoute.org et de ses forums médicaux. «80% des messages postés sont effacés. Comme sur tous les forums médicaux sérieux, les demandes d'avis personnalisés ou de diagnostics sont interdites», explique le docteur Dominique Dupagne, initiateur et modérateur du site certifié par le HONcode depuis novembre 2005, et dont le sérieux a de nouveau été validé en octobre 2006.

Le contact avec le médecin essentiel

Inversement, Doctissimo, e-santé et aucun des autres grands sites éditeurs d'information médicale plébiscités par le grand public, n'affichent pour le moment le HONCode. «Une norme n'a d'intérêt que si elle est reconnue par le grand public. C'est pour cette raison que nous n'affichions pas jusqu'à maintenant cette certification, essentiellement connue des professionnels», estime Claude Friedrich, directeur général de e-santé. «Nous répondons d'ores et déjà à 90% des critères de HON», précise ce responsable qui a entrepris d'afficher les CV de ses rédacteurs pour combler les 10% restant.

Si la labellisation permet certainement d'apporter le crédit nécessaire à un contenu sensible, Denise Silber remarque que «la vraie attente des consommateurs n'est pas tant d'évaluer la qualité des sites web médicaux que de pouvoir discuter avec leur médecin des questions que ces informations suscitent». Très peu de praticiens se montrent en effet enclins à proposer à leurs patients d'échanger par e-mail entre deux consultations. Et pourtant, le conseil de l'Ordre des médecins autorise la pratique à partir du moment où le patient a déjà été reçu en cabinet.


Cette labellisation permettra peut-être de faire un premier tri dans les âneries qui se répandent sur Internet au sujet de la santé. A condition que les intérêts économiques ne viennent pas censurer les ardeurs de la Haute Autorité de la Santé. Il n'y a pas de miracle à attendre de cette initiative, mais elle ne peut être que bénéfique.