15 décembre 2006

L’Eglise de Scientologie : secte ou religion-business

L’Eglise de scientologie, en vedette à l’occasion du mariage de l’acteur Tom Cruise prévu samedi en Italie, est considérée comme une secte dans plusieurs pays européens où elle a connu des condamnations judiciaires.Dans d’autres pays, comme les Etats-Unis où elle a été fondée en 1954 par l’auteur de science-fiction Lafayette Ron Hubbard (1911-1986) et qui abrite son siège international, elle a obtenu les avantages fiscaux réservés aux cultes. Ailleurs, elle a souvent un simple statut d’entreprise commerciale.La Scientologie affirme vouloir oeuvrer à l’émergence d’une "civilisation sans folie, sans criminalité et sans guerre". Elle entend s’attaquer à la psychiatrie et ses adeptes rejettent toute drogue.

L’organisation affiche plusieurs millions de participants à ses stages dans le monde. En France, elle compte 45.000 personnes dans ses fichiers mais 10% seulement "suivent les cours régulièrement", selon sa porte-parole."Si un homme veut vraiment se faire un million de dollars, la meilleure manière serait de lancer sa propre religion", selon une citation attribuée à L. Ron Hubbard par le site anti-Scientologie xenu.net, qui tire son nom de Xenu, personnage de la doctrine scientologue.La Scientologie aime recruter dans les cercles influents et mettre en avant des adeptes renommés, comme Tom Cruise, John Travolta ou Chick Corea.

Il faut verser de fortes sommes d’argent pour suivre les cours et gravir les échelons hiérarchiques. Les scientologues utilisent la "dianétique", une méthode pour devenir "Clair" après s’être "purifié" des éléments négatifs de son mental grâce à un "électromètre", un appareil électrique rudimentaire.Aux Etats-Unis, la Scientologie a obtenu en 1993, après un long bras de fer avec le fisc, l’exonération réservée aux mouvements religieux. Elle se veut championne de la liberté religieuse et ses doléances, visant notamment la politique anti-sectes de Paris, alimentent le rapport annuel du département d’Etat.

En France, L. Ron Hubbard a été condamné par défaut en 1978 à quatre ans de prison et une amende pour escroquerie. L’antenne parisienne a été condamnée en 2002 pour violation de la loi informatique et libertés. Un procès emblématique s’est tenu en 1996 à Lyon, avec des condamnations pour homicide involontaire et escroquerie après le suicide d’un adepte.

En Belgique, où la Scientologie est aussi considérée comme une secte, un procès est attendu après plus de neuf années d’instruction.Très procédurière, l’organisation n’hésite pas à saisir la justice chaque fois qu’elle s’estime diffamée. Elle a bataillé des années durant pour finalement obtenir l’accès à des documents des Renseignements généraux français : "il n’y avait rien dans les dossiers", assure sa porte-parole.Selon ses détracteurs, la Scientologie préconise la "propagande noire" pour destabiliser ceux qui menacent de révéler ses agissements. Des magistrats, avocats, parlementaires ou journalistes qui se sont intéressés à son fonctionnement ont fait état de pressions voire d’exactions.

La Scientologie anime une nébuleuse d’associations — écoles de musique, de dessin, organisations à but humanitaire — comme en France la Commission des citoyens pour les droits de l’Homme, la Coordination des associations et particuliers pour la liberté de conscience (Cap-LC) ou Narconon (contre la drogue). L’organisation, qui a un centre européen à Copenhague, a ouvert en 2003 un bureau à Bruxelles où elle vient d’acheter d’autres locaux. En octobre, elle a ouvert un nouveau centre à Londres.


La scientologie, comme d'autres organisations de type sectaire, n'hésite pas à appeler ses adeptes à harceler les opposants par des méthodes douteuses, voire carrément illégales.