17 mars 2006

Des médecins mettent en garde contre le régime amaigrissant Atkins

PARIS (AFP) - Le régime Atkins, riche en protéines et en graisses et pauvre en hydrates de carbone, a entraîné de graves complications chez une patiente, et ce type de régime ne devrait pas être recommandé pour maigrir, mettent en garde des médecins dans la revue médicale britannique Lancet à paraître samedi.

Ils rapportent le cas d'une patiente obèse de 40 ans, hospitalisée en février 2004 dans le service de soins intensifs d'un hôpital de New York, après avoir suivi strictement pendant un mois le régime Atkins tout en prenant les vitamines recommandées. Elle avait déclaré avoir maigri de 9 kg en un mois.

Cinq jours plus tôt, la patiente avait perdu l'appétit, souffrant de nausées, et elle vomissait quatre à six fois par jour, explique le Pr Klaus-Dieter Lessnau (New York School of Medicine, Etats-Unis), précisant qu'à son arrivée aux urgences, elle avait une respiration accélérée et était déshydratée.

Quand le corps tire son énergie en brûlant en majorité des graisses, plutôt qu'essentiellement du glucose, cela entraîne la libération de grandes quantités de corps cétoniques (acétone et substances chimiques apparentées). L'acidocétose correspond à une acidité sanguine excessive lorsque les corps cétoniques, produits par le foie, s'accumulent dans le sang.

"Un régime pauvre en hydrates de carbone comme le régime Atkins peut entraîner la production de corps cétoniques", relèvent le Pr Lessnau et son équipe. L'acidocétose est aussi l'une des complications du diabète sucré.

Les livres expliquant le régime Atkins recommandent une surveillance régulière de la concentration des corps cétoniques dans les urines, "pour confirmer le suivi du régime", souligne le Pr Lessnau.

"Notre patiente avait une cétose sous-jacente causée par le régime Atkins et elle a développé une grave acidocétose vraisemblablement lorsque sa prise de nourriture a été compromise par une pancréatite ou une gastroenterite", ajoute-t-il, souhaitant que ce problème soit "mieux reconnu parce que ce régime devient de plus en plus populaire dans le monde".

"Les régimes amaigrissants à basse teneur en hydrates de carbone sont loin d'être bons pour la santé, compte tenu de leur association avec cétose, constipation, halitose (mauvaise haleine), maux de tête et fatigue générale pour ne citer que quelques effets secondaires", met en garde le Dr Lyn Steffen (Université du Minnesota, Minneapolis, Etats-Unis), dans un commentaire publié dans Lancet.

Le plus important critère d'un régime amaigrissant "devrait être une sécurité indiscutable, or les régimes pauvres en hydrates de carbones ne répondent pas à cette exigence", ajoute-t-il, arguant que le régime Atkins ne correspond pas à une alimentation équilibrée.

Lors du régime Atkins, viandes, poisson, oeufs, matières grasses peuvent être consommés en quantité illimitée, mais les aliments riches en sucres lents ou rapides (céréales, fruits...) sont interdits ou sévèrement limités.


Les régimes présentés comme "miracle" par leurs inventeurs ont souvent de graves effets secondaires, qui sont d'autant plus rares que ces régimes ne sont pas poursuivis très longtemps. Parfois, certains s'entêtent. Le régime Atkins n'a pas démontré une qualité supérieure aux autres, notamment sur les mesures à un an. L'effet "yo-yo" est un des effets négatifs les plus fréquents de ce type de régime.

Une gifle pour la fusion-presque-froide

(Agence Science-Presse) - La fusion (presque) froide est-elle sur le point de recevoir une autre gifle ? Celle qu'on a appelé en 2002 la "fusion à bulles" commence à sentir le roussi. Des collègues du chercheur d'alors émettent des doutes, le Bureau des brevets réexamine les données et l'université n'émet plus de communiqués.

Tout avait pourtant bien commencé. En mars 2002, une équipe dirigée par le physicien Rusi Taleyarkhan, du Laboratoire Oak Ridge, annonçait dans la revue Science avoir produit des bulles d'un millimètre de diamètre qui, grâce à des ondes sonores, envoient un infime jet de lumière lorsqu'elles éclatent. On appelle ça la sonoluminescence, et le phénomène n'est pas inconnu des scientifiques; seulement, ceux-ci affirment qu'il faudrait, pour y arriver, des températures et une pression extrêmement élevées, alors que ces chercheurs affirmaient y être arrivés à des températures avoisinant "seulement" le million de degrés. S'ils ont raison, c'est une révolution énergétique en vue.

Quatre ans plus tard, des millions de dollars ont été investis dans l'aventure, et personne n'est parvenu à reproduire les résultats. Au contraire, Brian Narajo, de l'Université de Californie, a publié récemment une analyse où on peut lire que le spectre de radiations décrit par Rusi Taleyarknan dans un article plus récent est le banal résultat des radiations émises par les instruments de laboratoire.
Le ministère de l'Énergie, pour qui travaillait à l'origine le Dr Taleyarkhan, vient d'abandonner sa demande de brevet relative à la fusion "à bulles".

En fait, d'après une enquête récente de la revue Nature, le message général est qu'il n'y a plus d'espoir de trouver quelque chose. On a essayé, on a échoué, rideau. Un jugement que ne partage pas la revue Science, qui publiait le 3 mars un éditorial défendant la validité de la publication initiale, il y a quatre ans.

Mais le fait qu'il n'y ait eu aucune confirmation indépendante d'un phénomène apparemment si facile à reproduire ?surtout quand on considère les millions investis? donne du poids au scepticisme. Des collègues du Dr Taleyarkhan à son nouveau port d'attache depuis2004, l'Université Purdue, ont essayé eux aussi de reproduire cette expérience, et sont mécontents, selon Nature, de voir leur collègue se fendre de déclarations publiques où il vante des résultats positifs que lui seul a vu.