15 juillet 2005

L'aspartame s'avère cancérigène chez le rat

PARIS (AFP) - L'aspartame, utilisé pour donner une saveur sucrée à plus de 6.000 produits allégés dans le monde, s'avère cancérigène chez le rat, selon une nouvelle étude scientifique qui pourrait conduire à réévaluer les risques liés à cet édulcorant.Les travaux démontrent "pour la première fois que l'aspartame est un agent cancérigène", a déclaré jeudi la Fondation européenne d'oncologie et de sciences environnementales "B. Ramazzini" à Bologne (Italie)
L'aspartame a été découvert en 1965 et commercialisé aux Etats-Unis depuis 1974 et en France depuis 1988. Il remplace le sucre dans de nombreuses boissons, bonbons, desserts dits "light", certains produits pharmaceutiques, notamment des sirops et antibiotiques pour enfants. Il avait déjà été soupçonné de provoquer des cancers du cerveau.
La nouvelle étude "confirme l'absence de liens entre aspartame et tumeurs du cerveau", a souligné vendredi l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qui avait jugé en 2002 ce risque non prouvé.
Mais les résultats rendus publics jeudi soulèvent "de nouvelles questions sur les liens potentiels entre l'exposition à l'aspartame et la survenue de cancer", reconnaît l'Afssa.
L'aspartame entraine une "augmentation statistiquement significative des lymphomes et des leucémies chez les rats femelles, lorsqu'il est administré à des doses très proches de celles auxquelles les êtres humains peuvent être exposés", selon l'équipe italienne conduite par le Dr Morando Soffritti, dont les résultats doivent paraître dans la revue médicale European Journal of Oncology.
Les chercheurs appellent à "revoir rapidement" la règlementation concernant les doses admissibles de cet édulcorant "dans la nourriture et les boissons, en particulier pour protéger les enfants".
"Ces résultats préliminaires doivent encore être confirmés", estime pour sa part l'Afssa.
L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a jugé jeudi "inapproprié de suggérer des changements dans les régimes alimentaires des consommateurs concernant l'aspartame sur la base des informations actuellement disponibles".
Une réévaluation des risques devrait commencer "dès que l'ensemble des données aura été fourni", précise l'Efsa dans un communiqué, relevant qu'elle prendra "vraisemblablement plusieurs mois" car les experts "prendront en compte les autres études et données disponibles à ce jour".
La dose journalière acceptable (DJA) d'aspartame est actuellement fixée à 40 mg par jour et par kilogramme de poids corporel pour l'homme au sein de l'Union européenne et à 50 mg/kg aux Etats-Unis.
La dose moyenne journalière d'aspartame effectivement consommée par la population se situerait entre 2 et 3 mg/kg, "mais davantage pour les enfants et les femmes enceintes", rappelle l'équipe italienne.
Lors de ses travaux portant sur 1.800 rats, les rongeurs ont reçu de l'aspartame, de l'âge de 8 semaines à la fin de leur vie, à des doses qui correspondraient pour l'homme à des prises allant de 0 à 5.000 mg/kg.
L'augmentation de la fréquence des lymphomes et leucémies chez les rates est liée à la dose reçue, soulignent les chercheurs, relevant qu'elle apparaît même, de "façon non statistiquement significative", dès l'équivalent de 4 mg/kg. Chez le rat male, la hausse n'est constatée qu'à partir d'une dose journalière correspondant à 5.000 mg/kg chez l'homme.
Ces travaux ne montrent aucune augmentation significative des cancers du cerveau chez les rongeurs.


Une nouvelle résurgence de la légende urbaine sur la pseudo-toxicité de l'aspartame. Notons avec intérêt que si un homme doit en consommer plus de 350 g/jour pour avoir des effets négatifs, le risque est admissible. Reste à confirmer l'effet sur les rates et la généralisation des rates aux hommes et/ou aux femmes. Pour se rassurer un peu, lire:
http://www.afssa.fr/ftp/afssa/actu/aaat2000sa0249.pdf