03 janvier 2005

Tsunami: les animaux ont un spectre de perception plus développé

PARIS (AFP) - Les animaux, sans parler d'un "sixième sens", sont armés d'un spectre de perception plus développé que les humains, ce qui explique que nombre d'entre eux, comme les éléphants, aient pu échapper à la mort lors du tsunami d'Asie du sud, expliquent des spécialistes français.
"Dans tout ce qui est vibratoire, secousses telluriques ou ondes sonores, les animaux ont des aptitudes que nous n'avons pas ou plus" pour anticiper un événement anormal. Ainsi nous voyons "les chiens ou les chats paniquer avant même l'arrivée d'un séisme ou d'une explosion volcanique", explique à l'AFP Hervé Fritz, chercheur en écologie et comportement animal au CNRS.
Les éléphants, dont on a signalé qu'ils étaient partis en courant vers l'intérieur des terres au Sri Lanka ou en Thaïlande "ont des modes de communication infrasonores. Ils perçoivent dans l'infrason des signaux inaudibles pour l'homme et ont l'appareillage physiologique pour communiquer entre eux sur de très grandes distances, plusieurs dizaines de km", explique le chercheur.
Pour le séisme de la semaine dernière, il y a deux hypothèses plausibles: ils ont senti l'arrivée du tsunami soit par la "signature au sol" de la vague, soit grâce à un bruit que les hommes eux n'ont pas perçu. "Ils ont par rapport à d'autres espèces une meilleure faculté d'association et un grande capacité motrice", ajoute Hervé Fritz.
Un grand nombre d'espèces disposent de moyens, spécifiques ou génériques, pour se défendre d'un danger, même s'ils en ignorent la nature: exemple les chauve-souris, qui utilisent une sorte de radar sonore qui leur permet de récupérer l'écho sur un obstacle d'un cri qu'elles ont émis. Ainsi elles ont conscience d'un changement de vibration, lequel signale un changement dramatique dans leur environnement. Autre exemple, le lapin et autres animaux à quatre pattes qui ont, sur la base des vibrations au sol, appris à pressentir les dangers.
Anne-Claude Gauthier, directrice du zoo de Vincennes, éthologue de formation, se refuse également à parler de "sixième sens". Mais elle considère aussi que par rapport à l'espèce humaine qui a recours à l'oral et aux mimiques, des animaux comme les pigeons ont développé plutôt l'odorat ou la sensibilité aux changements de pression atmosphérique grâce à des capteurs spécifiques. Les oiseaux dans leurs migrations ou les abeilles ont des capteurs spécialisés pour enregistrer les variations du champ magnétique.
Les animaux disposent de "codes d'alerte": ils émettent des cris d'alarme comme le font les cervidés à l'approche de prédateurs, ou les oiseaux lorsque plane un rapace. L'éléphant, qui est très vocal, est capable de manifester son énervement par des cris associés au danger.
Sans savoir nager efficacement, ce que font très bien dans la faune asiatique les éléphants ou les tigres, "de nombreux mammifères terrestres sont capables de se tirer d'une situation aquatique critique", et par exemple de traverser un cours d'eau si la situation l'impose, selon Hervé Fritz.


De nombreux témoignages, après cette terrible tragédie, faisaient état de l’absence « totale » de cadavres d’animaux. Ces témoignages paraissent très partiaux. Il est clair que les oiseaux et les poissons n’ont eu que peu de problèmes avec les éléments déchaînés. Certains animaux terrestres grimpent fort bien aux arbres, d’autres nagent parfaitement ou courent bien plus vite qu’un être humain. La plupart vivent loin des centres urbains, ou le relief naturel leur a permis d’échapper rapidement aux vagues et à leurs débris meurtriers. Ajoutons à ça les capacités spécifiques de certains animaux comme les éléphants pour la perception des infrasons, et le mystère parait bien faible. De plus, la recherche de cadavres d’animaux n’étant pas la priorité des sauveteurs, il est compréhensible que les témoignages positifs ne représentent qu’une partie de la réalité. Nous avons là un exemple de biais de publication (seuls les rapports positifs sont publiés car personne ne s’intéresse aux négatifs).