24 octobre 2002

Les "breatharians", une secte qui ne manque pas d'air

Il se peut que les cristaux renforcent l'aura et que les aimants guérissent le mal de dos. Mais renoncer définitivement à la nourriture et à l'eau est une aberration. Une aberration mortelle. A part ça, le breatharianism - le "respirianisme" - qui consiste à se nourrir uniquement d'air et de lumière - apporte d'incroyables bienfaits. Au bout d'une semaine sans boire ni manger, le musicien Steve Torrence, 37 ans, affirme avoir acquis l'énergie et la force extraordinaires décrites par les "respiriens". Sa femme et lui en seraient à leur quatrième année de jeûne complet - ils boivent un ou deux verres de jus de fruits par semaine, pour s'amuser. Ils ne sont jamais malades, ont besoin de très peu de sommeil et sont en prise avec une puissante force porteuse de vie. Torrence a aussi davantage de temps à consacrer à sa musique : "Pensez au nombre d'heures perdues à acheter, préparer et consommer la nourriture", s'exclame-t-il.

Les adeptes de la méthode citent les références au jeûne faites dans la Bible, ou certaines traditions extrême-orientales comme le qijong en Chine, qui compte parmi ses millions d'adeptes une poignée de personnes prétendant se passer de nourriture depuis plusieurs semaines, voire plusieurs années. Le reste, ils l'inventent au fur et à mesure. Certains respiriens croient que les extraterrestres qui ont jadis peuplé la planète vivaient d'air et de lumière.

Nous pouvons tous nous brancher sur la force nourricière, affirment les respiriens. Il suffit d'atteindre leur niveau de discipline et de sagesse - ce qui, admettent-ils avec un soupçon de condescendance, n'est peut-être pas à la portée de tous. "Les gens n'arrivaient pas à comprendre, alors j'ai arrêté d'en parler", explique Wiley Brooks, qui dit avoir introduit le respirianisme en Occident. Dans les années 70, en Californie, ses cours payants attiraient une foule d'élèves, jusqu'à ce que ses disciples le découvrent en train de s'empiffrer de junk food. Ce qu'ils n'avaient pas compris, explique Brooks, c'est que la pollution diminuait ses capacités à absorber l'énergie de l'air et de la lumière. Agé aujourd'hui de 66 ans, il gère un site web respirien et a découvert que les hamburgers pouvaient neutraliser les effets nuisibles pour la santé des lignes électriques. "Je n'en tire aucun plaisir, explique-t-il. Pour moi, c'est comme prendre un médicament."

Aujourd'hui, le chantre du respirianisme est Jasmuheen, une Australienne qui dit ne plus manger depuis 1993 et avoir modifié son ADN pour rendre la nourriture encore plus inutile. Apparemment, elle a fait fortune grâce aux livres, séminaires et retraites d'une semaine qu'elle vend sur son site web, où elle affirme avoir rallié plus de 10 000 personnes au respirianisme. Sa popularité a même survécu, il y a trois ans, à un programme de télévision australien, 60 Minutes, qui l'a mise au défi de vivre sous surveillance continue. Le test prit fin quelques jours plus tard, lorsqu'un médecin donna l'alerte : la santé de Jasmuheen était en train de se détériorer. Elle accusa la pollution causée par une autoroute proche. Le scandale éclata après la mort par déshydratation en 1999 d'une Australienne retrouvée dans la lande écossaise avec un exemplaire d'un livre de Jasmuheen intitulé Living on Light [Vivre de lumière]. En 1998, deux respiriens australiens avaient fini en prison pour avoir laissé un autre initié mourir de faim, et le décès d'un Allemand l'année précédente est également lié à la pratique. Dans un e-mail signé "Amour, lumière et joie", Jasmuheen a refusé toute interview sur le sujet. Elle a toutefois reproché aux victimes de s'être précipitées dans une expérience forte sans être bien préparées. Si sa méthode était suivie à la lettre, dit-elle, le monde ne connaîtrait pas la faim et vivrait dans l'harmonie.

David LaGesse
US News and World Report

On appréciera l'histoire de celui qui ne mange rien mais qui se 'soigne' au hamburger contre les effets des lignes électriques. Des mauvaises langues suggèrent que que ce serait le jeûne qui aurait des effets nocifs et non les lignes électriques.